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l'écran intérieur des paupières
17 juillet 1999

Hiroshima - dôme conservé tel quel en mémoire du désastre - été 99

hiroshima_dome

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O
"Je pus ainsi avoir une vue assez complète de ce qui avait brûlé dans le centre de la ville. Dans le vide argenté qui s'étendait sous le soleil brûlant et aveuglant, il y avait une route, une rivière, un pont, et ici et là des corps boursouflés, les chairs à vif. C'était sans aucun doute la matérialisation, grâce à des méthodes précises et très élaborées, d'une nouvelle forme d'enfer. Tout élément humain avait été exterminé. Ainsi, par exemple, l'expression humaine des cadavres avait fait place à une sorte de rictus mécanique de mannequin. Les corps, dans un ultime instant de lutte contre la souffrance, s'étaient raidis dans un rythme troublant. Les fils électriques tombés et emmêlés, les innombrables débris faisaient penser à un dessin convulsif tracé dans le vide. Les trains qui paraissaient s'être renversés comme un rien, les chevaux à terre qui avaient laissé tomber leurs immenses carcasses faisaient penser au monde de la peinture surréaliste. Les grands camphriers du temple Kokutaiji avaient été déracinés. La bibliothèque Asano, dont il ne restait que les murs, servait de morgue. Les routes fumaient encore par endroits. L'odeur de la mort emplissait l'atmosphère. Chaque fois que nous passions une rivière, je trouvais extraordinaire que le pont ne se fût pas effondré. Pour transcrire ce que je ressentis à la vue de ce paysage irréel, j'emploierai une forme particulière l'écriture japonaise, les katakana.<br /> <br /> Débris étincelants<br /> s'étirent en un vaste paysage<br /> Cendres claires<br /> Qui sont ces corps brûlés aux chairs à vif<br /> Rythme étrange des corps d'hommes morts<br /> Tout cela exista-t-il ?<br /> Tout cela a-t-il pu exister ?<br /> Un instant et reste un monde écorché vif<br /> A côté des trains renversés<br /> Le gonflement des carcasses des chevaux<br /> l'odeur des fils électriques qui peu à peu <br /> se consument en fumant"<br /> <br /> Tamiki Hara - Hiroshima. Fleurs d'été - 1947, Ed. Dagorno, 1995, ISBN 2910019292, p. 78-79, traduction par Brigitte Allioux.
l'écran intérieur des paupières
  • une "mémoire visuelle [qui] projette instantanément, sur l'écran interne des paupières closes, l'image rigoureusement fidèle et objective d'un visage aimé, comme un fantôme minuscule en couleurs naturelles..." Nabokov
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