Je n'ai malheureusement pas pu me rendre à

Je n'ai malheureusement pas pu me rendre à Bruxelles ce soir-là ; mais comment s'est passée votre causerie au Théâtre-Poème, le 26 novembre dernier ? (question de T.B., 4 décembre 2004)
Tout s'est très bien passé et l'expérience fut très enrichissante, en tout cas pour moi. C'était la première fois que j'avais l'occasion de parler en public de mon travail d'écrivain et de mes livres et l'excitation que cela me procurait était en fait plus forte que mon trac. Ça s'est passé dans une salle de bar du Théâtre-Poème, il y avait une table longue derrière laquelle je m'assis près d'Alain Duveau, et en face, des petites tables avec des chaises. On pouvait consommer. Il y avait peu de personnes. Alain Duveau m'a posé des questions sur que c'était que ce concept de "nouvelle Ada", de ses rapports (ou non) avec l'Ada de Nabokov, et sur ce qu'il appelle les "ratages du désir". J'ai ensuite lu un extrait du chapitre 4 : le moment où Isidore, après avoir retrouvé dans un livre un vieux papier de Dora, sur lequel est noté un numéro de téléphone, expose sa méthode d'enquête et de recherche et où il nous fait part de son désir de s'approcher au plus près de ce qui s'est passé.
Ensuite nous sommes passés aux Pommes, avec la lecture d'extraits du chapitre 1er : la définition-qualification par Arsinoé des Pommes. Puis Alain Duveau m'a interrogée sur l'éviction des personnages au cours de la narration et sur la structure du roman. Les personnes présentes m'ont également posé des questions, relatives notamment à l'intellectualisation et à la théorisation des concepts dans les deux romans - et les rapports que ce genre de raisonnement entretient avec le sentiment de la vanité, du dérisoire. Sur mes raisons d'écrire et les rapports que j'entretenais avec la réalité. L'un d'eux, Jacques Schneider, romancier, m'a fait un compliment auquel j''ai été particulièrement sensible : "J'ai pensé, en te lisant, à Stendhal. Il s'agit d'écriture avec des mots simples, mais qui sont employés de manière parfaitement exacte et juste". Cela m'a d'autant plus émue que Stendhal considérait le Code civil comme un exemple de style et qu'il avait coutume de le lire pour s'en imprégner. Le compliment touchait en les unissant deux de mes obsessions les plus chères : celle des mots et celle du droit.