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l'écran intérieur des paupières
31 mai 2008

Méditations graves - 2

Les habitants de ce fameux monde, excepté Mina et moi-même (j’y figurais sous le nom de Tensen), étaient des animaux : Dentelle et Kuma-san, deux ours, et Lion. Sous l’influence de Kuma‑san et conformément à la politesse japonaise, nous en étions venus à adjoindre le suffixe « san » à leurs noms (il arrivait même à Dentelle de se vexer lorsqu’on l’appelait « Dentelle » tout court).

Kuma-san habitait à Kyoto et Mina-san nous avait envoyé à tous la photo de sa maison, qu’elle avait trouvée sur internet. 

Dentelle était né lors d’un voyage en Ecosse que j’avais fait avec Mina. Au fin fond des Highlands, au milieu des lochs, de la tourbe et de la mousse, nous avions imaginé qu’un ours vivait dans les montagnes de bruyère. Cet ours, il était à l’époque le moi profond de Mina et représentait sa véritable personnalité, sauvage et naturelle, libre des vanités de la civilisation… Ours qu’on avait de force arraché à son pays natal pour le plier aux codes sociaux, à l’encontre de ses désirs profonds. Notre voyage, en quelque sorte, avait rendu Dentelle à lui-même et à son milieu d’origine. C’est là-bas que Mina-san comprit réellement qu’elle n’était pas obligée de faire comme les autres, ni de suivre la voie que d’autres avaient tracée pour elle ; en bref, qu’elle pouvait accepter la part de Dentelle en elle ; qu’elle pouvait accepter d’être Dentelle. 

Ainsi que je l’ai expliqué ailleurs, Dentelle devait son nom à la forme que prenait la bouche retroussée de Mina-san lorsqu’elle boudait, « bouche en dentelle ». 

Par la suite, la face oursienne de Mina devait se teinter d’ombre noire. Dentelle deviendrait un boulet à traîner, un paravent derrière lequel donner cours, comme à des prétextes, aux désirs les plus inavouables : avaler de l’eau de Javel, se planter un couteau dans l’œil et se couper la langue avec ou s’égorger avec un peigne, par exemple. Il en viendrait, d’après Mina, à ne plus même révéler sa personnalité, mais, à l’inverse, à dissimuler sa véritable nature pour endosser un rôle autonome : celui d’un porte‑parole morbide ou d’un bouc émissaire. Ce raisonnement était loin de me convaincre ; je n’avais pas les mêmes réticences à admettre que ces folies ne relevaient pas, en elles‑mêmes, du fond même de Mina.

Ce fut du reste cette rupture de perspective qui marqua le début de l’agacement de Mina à l’égard de Dentelle, et plus généralement, à l’égard du « monde parallèle » en son entier.
Car relater ce qui s’est passé me permet aujourd’hui de le clarifier et d’en révéler la cohérence. C’est ainsi que je m’explique maintenant pourquoi Dentelle était devenu méconnaissable, les derniers temps de cette époque, et pourquoi il avait laissé l’emporter en lui la voie la plus frivole, comme par provocation, ou pour nous faire réagir.

Le dernier week-end qu’il avait passé chez nous, cette fois-là, c’était en compagnie de Kuma‑san. Toute la semaine précédente, il m’avait demandé de l’argent pour se payer un voyage au Japon : sachant que mon compte en banque était à sec et que j’avais renoncé, pour l’instant, à partir moi-même (pour être honnête, j’avais également une autre raison de rester, principalement due à la crainte de Mina pour les bêtes rampantes qui se mettaient à hanter la maison à cette saison et face auxquelles j’avais scrupule à la laisser seule), j’avais trouvé la chose assez incroyable.

Je savais par ailleurs que Dentelle gagnait pas mal d’argent avec des rôles d’animaux dans la publicité, ou même dans des films d’auteurs (il jouait par exemple le rôle d’un ours en peluche énorme dans un film de Téchiné). Loin d’en profiter, toutefois, il reversait tous ses cachets à son association de défense des ours maltraités. En dernier recours, je lui avais suggéré d’inciter plutôt Kuma-san à venir chez nous, celui-ci ayant apparemment une famille qui s’occupait de lui et pouvait le financer. Dentelle n’avait pas compris mon refus. Il pensait que l’argent n’avait pas d’importance (c’était sa face pure qui ressortait alors) et il se demandait pourquoi je faisais tant d’histoires. Il m’avait expliqué qu’il avait aussi placé de grosses sommes sur un contrat d’assurance-vie à notre nom, que nous toucherions quand il mourrait… Ce pauvre Denti-Dente ne se doutait pas que nous mourrions certainement bien avant lui… Cela m’angoissait du reste, car je savais que lorsque nous ne serions plus là pour le comprendre et nous occuper de lui, notamment lors de ses crises de dentellisme, il finirait par errer éternellement en état d’armothèque (c’est-à-dire dans le trouble et l’angoisse les plus profonds, comme en apesanteur dans l’espace, et sans aucun repère).

Pour finir, Kuma-san arriva le samedi matin et je donnai à Dentelle quelques billets pour aller le chercher à l’aéroport en taxi (j’étais déjà à découvert de 700 euros, mais je n’avais pas la force de lui refuser cela après toutes nos discussions au sujet du voyage).

Kuma-san s’installa dans la petite maison que nous avions construite pour Dentelle, dans le garage au fond du jardin. C’est à compter de son arrivée que je commençai à ne plus reconnaître Dentelle. De cela aussi je ne compris que bien plus tard la raison : il voulait que les choses soient parfaites. Il recevait un ami pour la première fois et il était tellement fier et content qu’il voulait l’emmener partout, lui faire admirer les plus beaux monuments, lui montrer son pays d’adoption sous son meilleur jour.

Hélas, la faiblesse et l’indulgence que j’avais toujours manifestées à son égard, ajoutées au sentiment de culpabilité de lui avoir refusé son voyage au Japon, m’entraînèrent dans une spirale financière qui devait nous mener beaucoup plus loin que prévu, et que je n’hésite pas aujourd’hui à qualifier de funeste.

Le samedi, ils eurent d’abord l’idée d’aller chez Pégase. Au retour, Dentelle m’expliqua (nous nous trouvions dans la salle de bains de notre maison) que Kuma-san et lui avaient acheté un sac Burkin pour deux, qu’ils se prêteraient et utiliseraient à tour de rôle.
Le Burkin était le sac le plus cher de Pégase, le produit phare de la marque. Il tenait son nom de l’actrice en l’honneur de laquelle il avait été conçu, Burkina Boss.

Or cet achat me plaçait dans une situation extrêmement délicate, et comme souvent, en porte‑à‑faux entre Dentelle et Mina : j’avais promis à celle-ci de lui offrir un Burkin pour son anniversaire, alors que je savais très bien que je n’en avais pas les moyens pour l’instant. Le sac coûtait 120.000 euros. Et voilà que Dentelle m’annonçait qu’ils en avaient choisi un et qu’ils avaient fait mettre la facture à mon nom ! Après une longue discussion, je finis par donner mon accord (avais-je le choix, de toutes façons ? Ils avaient emporté le sac, et il était inutile de penser à rapporter un article aussi luxueux, ce qui aurait d’ailleurs été trop cruel). Je me trouvais finalement, comme chaque fois que l’ordre sentimental interfère avec le matériel, dans les ennuis les plus pénibles qui soient : non seulement je ne savais pas comment trouver cet argent pour faire plaisir à Dentelle, mais, Mina-san ayant entendu la conversation, en avait été outrée.

Elle résumait très simplement les choses. Puisque je lui avais promis un sac Burkin, c’était, dit‑elle, « Dentelle ou moi ». Je réussis à la calmer en lui laissant entendre que je n’avais pas accueilli favorablement la demande des deux ours ; bien sûr, s’il fallait faire un choix il était déjà fait : c’est à elle que j’offrirais le sac. J’étais en train d’aggraver mon cas par un demi‑mensonge, une approximation ; une contre-vérité, pour parler net. Le pire c’est qu’après avoir ainsi extorqué mon consentement, Dentelle m’annonça qu’ils n’avaient pas acheté un, mais deux sacs, afin d’avoir chacun le sien et parce qu’ils n’arrivaient pas à se décider entre le rose et le violet. Ils avaient pris, en plus, les porte-monnaie assortis…

Le total s’élevait à 260.000 euros, à peu près la somme que j’avais empruntée pour acheter la maison et que je devais rembourser sur vingt-cinq ans. Mina-san, qui n’arrivait pas à croire comment on avait pu laisser deux ours emporter ces articles sans qu’ils versent quoi que ce soit en échange, pensait qu’il s’agissait d’une plaisanterie… La fameuse facture était évidemment à mon nom et je devais la recevoir trois jours après.

Mina, voyant que je commençais à pâlir, s’indigna de ce que je puisse m’angoisser pour quelque chose qui « n’existait pas ». Voilà le genre de manifestations du monde parallèle de Dentelle qui la mettait hors d’elle, et dans lequel elle décelait des dangers pour notre santé mentale : que je pusse ressentir des émotions, de la tristesse ou de la joie du fait des histoires de Dentelle que nous inventions ou, plus précisément – c’était bien là tout le paradoxe – qu’elle inventait et auxquelles je donnais la réplique.
Que ces émotions fussent à son avis plus vives que celles que je pouvais ressentir du fait – selon sa terminologie – de notre monde, c’est‑à‑dire du monde dit « réel », cela l’exaspérait.

Le samedi soir, Dentelle voulut que je lui prête ma carte de crédit. Il avait prévu d’emmener Kuma‑san dîner au restaurant qui se trouve en haut de la tour Eiffel.
Naturellement, les deux amis se déplaçaient en taxi pour le moindre trajet. Mina s’aperçut que je n’avais pas ma carte au moment où je dus régler un achat ; elle me réprimanda encore pour ma faiblesse à l’égard de Dentelle… Tout allait de Charybde en Scylla. Le lendemain matin, toujours dans la salle de bains, je tentai de mettre les points sur les i. J’expliquai à Dentelle qu’il fallait être raisonnable, que je ne pouvais pas financer toutes ces sorties et ces achats. De son côté, il persistait à ne pas comprendre et pensait que je voulais le restreindre alors qu’il n’avait qu’une idée en tête : recevoir son invité le mieux possible et lui donner une bonne impression du pays et de ses habitants.

Le dimanche midi, ce fut encore une autre chanson. La cuisine japonaise manquait à Kuma-san et ils durent aller acheter des sushi. L’après-midi, sortie au cinéma, bien que je les eusse fortement engagés à louer un film pour le regarder à la T.V. – solution qui de toutes façons, ne convenait pas à Mina car elle ne voulait pas avoir les deux ours dans les pattes au salon ; je ne m’en sortais plus. Ils commandèrent à nouveau un taxi, et on les vit revenir à mi-chemin « parce qu’ils avaient oublié quelque chose ».

Kuma-san reprenait l’avion le mardi matin, ce qui laissait toute la journée de lundi pour aller à Deauville. Cette fois-ci, Dentelle fut raisonnable. Il avait prévu d’y aller en train et de ne prendre le taxi que pour le retour. Taxi qu’ils gardèrent d’ailleurs jusqu’au moment du départ de Kuma‑san pour l’aéroport, au motif que son avion décollait à l’aube.

Le retour à la maison de Dentelle par le même moyen mit un point final à ces folles dépenses.

Autant dire que Mina était extrêmement énervée, aussi bien par ce qu’elle appelait le « sans‑gêne » de Dentelle que par ce qu’elle analysait comme ma faiblesse à tout lui accorder. Elle était furieuse de la préférence qu’à son sens je lui témoignais par rapport à elle, au point de me mettre dans une situation nerveusement et financièrement intenable – situation que je n’aurais jamais envisagée à son avis si Dentelle n’avait pas été en jeu.

« En jeu » est d’ailleurs l’expression qui convient. Après cet épisode qui constituait, je l’avoue, un point culminant de toute l’histoire de Dentelle, elle m’annonça qu’elle « ne voulait plus jouer », et que Dentelle était mort.

Nous avions déjà atteint ce genre d’extrémités dans le passé, mais il me semblait que maintenant que Dentelle avait sa maison à lui, qu’il pouvait vivre près de nous sans pour autant être sans cesse avec nous, il était complètement accepté et pouvait continuer à vivre sans ressentir perpétuellement, comme avant la première mort qui l’avait conduit en enfer, la crainte d’être rejeté par Mina.

Dire que Dentelle était mort, cela revenait à le tuer alors même que je croyais ce genre de tentation dépassé, et que chez Mina l’envie irrépressible de se débarrasser de Dentelle (qui correspondait à des phases de détestation d’elle-même) avait été surmontée, bref que Mina avait totalement intégré la part de Dentelle en elle.

J’avais tort.

J’ai dit que le séjour de Kuma-san avait marqué l’acmé d’une courbe au-delà de laquelle, telle une cloche de Gauss, elle ne peut que reprendre une pente descendante. Il est exact que ce séjour fut pour Mina une sorte de comble, goutte d’eau qui sonna le coup d’arrêt de la partie.
Pour autant, du côté ascendant de la courbe, les choses frémissaient déjà depuis quelques temps.

Dentelle avait ainsi pris l’habitude de nous passer quasiment tous les soirs un coup de téléphone que je parvenais à capter à l’aide d’un immense bougeoir en fer forgé ondulé que nous avions posé sur une étagère en attendant de le fixer au mur. Ces conversations avaient le don d’exaspérer Mina. Elle me trouvait ridicule et refusait toujours de dire un mot à Dentelle lorsque je lui passais le combiné, désirant – comme par un fait exprès – lui parler les rares fois seulement où je ne le lui proposais pas.

A ces moments-là, Dentelle utilisait donc la ligne spéciale qui reliait sa maison et la nôtre et arrivait, comme je l’ai dit, sur le bougeoir ; depuis longtemps déjà, il s’était aussi introduit dans mon téléphone pour substituer son identité à celle de Mina (je ne saurais croire d’ailleurs que ce ne fût à son instigation à elle, ni sans son aide), si bien que lorsqu’elle me téléphonait, c’était le nom de Dentelle qui s’affichait sur l’écran. Distinguer leurs deux personnalités devenait de plus en plus difficile, indépendamment du fait que cette confusion n’était somme toute que parfaitement logique, si l’on en revient à la genèse du phénomène.

Je me souviens de la première fois où j’ai reçu un appel de Dentelle sur mon portable, un jour vers vingt heures… « Il doit vraiment se sentir mal pour te téléphoner comme ça, à la maison, en soirée… », avait avancé Mina. Il est évident qu’elle ne tenait plus ce genre de discours à l’époque dont je parle.

La relation de Dentelle avec le téléphone était d’ailleurs souvent source d’incompréhension ou liée à des événements tragiques. Je me souviens aussi d’un moment où il s’était fait enlever par des méchants qui l’avaient séquestré contre rançon. Je recevais de sa part des appels muets : il ne disait pas un mot et quand j’essayais de le rappeler, il (ou l’un de ses ravisseurs) décrochait, puis raccrochait immédiatement. Cela se reproduisit plusieurs fois d’affilée, de manière très angoissante et même terrorisante, tout à fait dans le style d’une torture de prison.

Une autre fois, il s’était fait enlever par les méchants alors qu’il se promenait tout seul dans le métro. Le prenant pour un animal dangereux, ces gens l’avaient emmené dans un hôpital psychiatrique où l’on n’avait même pas tenté de le comprendre. On lui avait fait une piqûre de je ne sais quoi qui l’avait rendu tout mou et le lendemain, on l’avait remis en liberté sans se soucier de savoir où il irait et comment… Il était rentré à la maison tout seul, complètement amorphe. Autant dire que nous étions tous morts d’inquiétude et que je lui avais interdit, dorénavant, de se promener seul dans les rues ou de prendre le métro sans quelqu’un pour le protéger.

Il s’était donc inscrit dans une association, L’Ours de Saint-Lazare, qui venait l’accueillir à la gare et s’en occupait les jours où il devait se déplacer pour son travail. On lui offrait même souvent un café à cette occasion. Il s’agissait d’un organisme très sérieux et je me sentais tranquille quand il s’inscrivait ; ce qui n’empêchait pas Dentelle de n’en faire qu’à sa tête. Il était aussi têtu que Mina, et s’obstinait parfois à ne pas s’inscrire. Il était drôle, il emmenait toujours dans ses périples un petit cartable rouge (une trousse de toilette en tissu, à l’origine) qu’il tenait à bout de bras et qui était assorti à sa fourrure rousse…

D’autres moments, plus heureux, me reviennent encore à l’esprit… Je pense à un message dans lequel Dentelle me disait que Mina (il s’était même trompé, en commençant à parler, il avait dit : « Allo, Tensen, c’est Mina – non, je veux dire, c’est Dentelle… ») l’avait emmené acheter le sapin de Noël, qu’il était ravi et qu’il espérait qu’il allait pouvoir fêter Noël avec nous… Dentelle, dans sa pureté, adorait Noël ; pour lui c’était une fête essentiellement joyeuse, dépourvue des connotations pesantes qui la font parfois considérer comme une contrainte familiale (par esprit de rébellion contre la société de consommation et le conventionnalisme mercantile qu’elle véhiculait, il était ainsi arrivé que Mina-san et moi fêtions tous les jours Anti‑Noël du 20 au 24 décembre).

Lorsqu’il ne s’absentait pas pour ses activités, Dentelle passait ses journées dans sa petite maison du fond du jardin. Depuis qu’il avait son habitation personnelle, il n’était plus obligé de dormir dans notre chambre (la plupart du temps, sur le tapis ou dans le placard) et n’irritait donc plus Mina-san pour cela. Nous apercevions maintenant sa lumière allumée de l’autre côté de la pelouse, les soirs d’automne. J’aurais voulu indiquer en lettres violettes (sa couleur préférée) « Maison de Dentelle » sur une petite pancarte devant sa porte… Mina n’avait pas été d’accord. Au moment où il s’en est allé, j’étais en train de concevoir un projet de jardin zen miniature qu’il aurait regardé par sa fenêtre en méditant, s’il était resté, puisqu’il s’intéressait beaucoup à Bouddha et au bouddhisme. C’est dans ce sens que se développait sa voie angélique, détachée des pesanteurs de ce monde. Dentelle était tellement pur que la simple vue d’une culotte sale, par exemple, le faisait paniquer. Il témoignait à plein de l’aspiration à l’absolu et au renoncement dont Mina ne voulait pas reconnaître l’existence en elle (s’il lui arrivait quelquefois de se vêtir entièrement de noir et blanc, de manière très austère, comme si elle voulait rentrer dans les ordres, elle faisait toujours passer ce souhait sur la part de Dentelle, afin de n’être pas obligée de l’admettre).

La deuxième mort de Dentelle m’affecta profondément.

Il attendit deux semaines pour donner des nouvelles qui nous parvinrent de manière indirecte. Le deuxième week-end après sa disparition, à l’occasion d’un voyage que nous fîmes le samedi matin, en grande banlieue, Mina-san s’étonna de ce que nous transportions avec nous deux paires de chaussures supplémentaires (en réalité, elle n’arrivait pas à se décider sur sa tenue et je l’avais incitée à emporter de quoi se changer, au cas où, puisque nous étions en voiture). Elle en conclut qu’il s’agissait de celles de Dentelle et de Kuma-san, qui voyageaient dans le coffre avec le sac à vêtements. Tout ballottés par la conduite qu’ils étaient, ils avaient bien sûr été malades et l’on eut en cours de route la preuve tangible de leur présence : ils avaient vomi dans les chaussures. La voiture en était tellement infestée que nous dûmes refuser d’embarquer un auto-stoppeur.

(...)

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